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S’effacer pour échapper au bonheur d’être en vie : quand la peau témoigne

Il y a des douleurs si anciennes, si profondes, que le cœur ne parvient pas à les pleurer.
Elles ne s’éteignent pas.
Elles prennent chair car l’esprit ne sait pas quoi en faire et à besoin de s’en décharger.
Or, cela ne peut passer que par la matière et c’est ainsi qu’elles se transforment.
Et parfois, elles deviennent peau.
C’est alors que la peau témoigne.

Dans cet article, nous abordons les thèmes suivant :

Quand la peau témoigne sous le poids d’un deuil inachevé, problème de peau, colère et syndrome du gisant

Je me perds dans ton départ que je refuse et la peau témoigne

C’est l’histoire de Mathieu, un homme discret, réfléchi, qui mène une vie « normale » en apparence.
Mais sous cette façade tranquille, se cache un feu souterrain : une colère sourde, des relations tendues avec les êtres qu’il aime, un mal-être tenace.
Depuis plusieurs années, des taches blanches apparaissent sur sa peau.
Ou plutôt, plus les années passent et plus sa peau perd ses pigments : sa densité visible.
Autour de lui, on commence à se questionner ; de quoi la peau témoigne à travers ce signe ?

Cela a commencé par un point blanc sur la main, puis sur le visage, puis ailleurs de façon disparatre.

Cela devient gênant, dérangeant, alors, il finit alors par consulter.
Les diagnostics médicaux parlent de vitiligo, une maladie auto-immune, mais rien ne semble enrayer le processus.

Le temps passe et Mathieu continue d’éclaircir.
Il perd ses pigments; la consistance de sa peau.
Il perd petit à petit contact avec la matière de sa peau.

La peau témoigne et se dérobe

En psychosomatique, la peau ,et tout particulièrement l’épiderme, est le théâtre symbolique matérialisant des liens et séparations.

Ce que la main ne touche plus, l’épiderme le pleure.
Le vitiligo, qui efface la couleur, qui efface la frontière, vient nous parler d’un contact rompu, non digéré. Un contact vital.
Un contact irremplaçable.

D’ailleurs cela commence généralement par les mains.
Puis, lorsque cela fait suite de la mort d’un parent ou d’un care giver, le visage, pour matérialiser l’absence des caresses sur les joues de l’enfant, du fils, de la fille qui n’auront plus lieu.

Lorsque la peau sommatise le deuil non réalisé

Pour Mathieu, ce contact était celui de sa mère, disparue brutalement alors qu’il avait 16 ans.
Un âge où l’on cherche encore sa place.
Un âge où l’on a besoin d’être vu, reconnu, soutenu.

Mais elle est partie.
Elle l’a abandonné à une vie dont il n’a pas les codes et dont la réalité est souffrante et dramatique.
Une vie qui crie son absence.

Personne n’a su accueillir sa détresse, même pas lui-même.
Personne ne lui a permis de pleurer et surtout pas lui-même.
Car il devait être un homme, et un homme, ça ne pleure pas.

Il devait être un adulte avant l’âge en tant qu’ainé désormais en charge de son petit frère.
Face à lui, s’il venait à échouer, il n’y avait qu’un adulte défaillant.
Adulte qui de fait était le seul en place.
Mais il n’était ni présent, ni disponible.
Il n’était présent que par son absence dûe à son immaturité.

Alors Mathieu a gelé sa peine et il s’est obligé à tenir bon, à faire front face à la dureté de la réalité.

La peau témoigne des séparations

Mais pour réussir cela, il a gardé sa mère en lui.
Blottie au creux de ses cellules, tatouée sur sa peau invisible.
C’est d’elle et pour elle qu’il a tiré sa force car il avait promis de prendre soin de son petit frère, de s’en sortir, d’être fort.

Le syndrome du gisant : vivre à la place et dans la peau de l’absent

Ce que Mathieu vivait correspond à ce que les approches transgénérationnelles nomment le syndrome du gisant.

Cela décrit le fait qu’un des descendants, souvent de manière inconsciente, prend sur lui la mémoire d’un mort qui n’a pas été (suffisamment) pleuré.
Il devient, à sa manière, le tombeau vivant de l’absent.
Il ne vit plus pour lui-même, mais pour continuer d’honorer, de porter, de ne pas oublier le disparu ou la disparue.
Dont le déport a été trop invisible.

Ainsi, chaque fois que la vie allait bien pour Mathieu, il sabotait ses projets ou provoquait inconsciemment des conflits avec ses proches.

Pourquoi ?
Parce que vivre dans la joie aurait signifié, quelque part, trahir celle qu’il avait perdue.
Avancer, aimer, s’épanouir… alors qu’elle n’était plus là ?
Cela était impensable, insupportable, inconcevable, inacceptable…

Lorsqu'on refuse de laisser aller le disparu et que la peau témoigne

Son corps, fidèle au deuil inachevé, criait :

Je ne peux pas continuer sans elle.
Je ne veux pas oublier.
Regardez ce qui me manque.

Le vitiligo devenait ainsi un langage silencieux, un témoin biologique de cette fidélité invisible.

La guérison ne commence pas par la peau

La transformation n’a pas commencé par un traitement.
Elle a commencé par une prise de conscience.

Lors d’un accompagnement transgénérationnel, Mathieu a pris conscience et relié ses taches blanches à la disparition de sa mère.
Il a compris qu’il n’avait jamais pleuré sa perte, jamais accueilli la douleur, jamais été autorisé à souffrir.
Et surtout qu’il s’interdisait depuis lors de vivre.

Il a réalisé que ses conflits familiaux et intimes, sa colère, sa tristesse apparemment sans fondement, des comportements d’auto-sabotage, n’étaient pas des défauts de caractère.
Tout cela était des cris d’amour retenus, des élans refoulés, des gestes désespérés pour rester loyal à celle qui lui avait tant manqué.

Alors, en conscience, il a pu amorcer un autre chemin.
Il a parlé à sa mère intérieure.

Le corps se délite et la peau témoigne la perte

Il lui a dit :

Maman, je t’aime, je ne t’oublie pas.
Mais je choisis de vivre.
Pour moi.
Pas contre toi.

Petit à petit, ses relations se sont apaisées.
Il a cessé de se punir.

Et, dans une zone de sa peau, les pigments ont commencé à revenir.
Doucement, très doucement.

Mais ce n’est pas toujours le cas.
Ce n’est pas automatique.
Néanmoins ce qui importe, c’est que son lien à la vie se soit restauré.

Un message pour ceux qui portent le deuil des autres

Si vous vivez une tristesse chronique, une colère qui ronge vos relations, une incapacité à profiter pleinement de la vie… peut-être portez-vous un deuil qui n’a jamais eu lieu.

Si votre corps se consume, qu’il devient de plus en plus malade, de plus en plus douloureux… c’est probablement que votre deuil n’a pas été achevé.
Vous refusez probablement de faire réellement et pleinement votre deuil car vous n’êtes pas prêt.e à laisser votre proche partir en paix.

Peut-être êtes-vous devenu.e, sans le savoir, le gardien d’une mémoire trop lourde, trop sacrée, trop douloureuse.

Accepter de faire son deuil, ce n’est pas oublier.

Ce n’est pas trahir.
C’est rendre à la vie ce qui lui appartient, et rendre à la mort ce qui ne peut plus être retenu.
Car dans la mort, on trouve la délivrance et la paix lorsque les vivants nous laisse partir.

Dans ce contexte, guérir c’est accepter de quitter les morts pour rester fidèle aux vivants et choisir d’être en vie.

Et parfois, c’est aussi permettre à sa peau – ou à son cœur – de retrouver ses couleurs.

Si vous souhaitez être accompagné.e dans votre travail de deuil ou de guérison, je suis à votre service.

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