Reconnaitre notre addiction à l’amour

L’amour est une chose fort complexe et il n’est pas rare qu’il devienne une addiction à l’amour.
Reconnaissons-le, l’amour est une aventure exaltante, un mélange d’émotions, de connexion…
Source et réservoir d’expériences intenses, il réserve pourtant certaines surprises désagréables telles que la dépendance affective, le chantage, la manipulation émotionnelle, la co-dépendance, etc….
L’intensité de ces propositions et des vécus qui nous sont offerts par son biais peut rapidement et sans crier gare nous faire basculer dans une forme d’addiction irrépressible et totalement irrationnelle.
Parfois, l’histoire qui commence comme une passion ardente peut se transformer en une dépendance affective pernicieuse.
Et, bien que les signes soient là, nous choisissons de les occulter.
Pourquoi restons-nous attachés à des relations qui nous font plus de mal que de bien ?
Pourquoi l’idée de renoncer à une histoire, même toxique, semble parfois plus douloureuse que de rester enlisé dedans ?
La réponse tient en grande partie à l’addiction à l’amour qui est le résultat de ce qui se joue au niveau de notre balance émotionnelle, de nos hormones et de l’illusion séduisante qui nous emprisonne dans l’espoir du retour à un paradis perdu.
La balance émotionnelle participe à la génération d’une addiction à l’amour

La balance émotionnelle nous nourrit d’intensité et nous fait nous sentir plus vivant.e.
D’un côté, les expériences positives nous nourrissent et nous apaisent, de l’autre, les expériences négatives nous consument.
Tout cela à grand renfort d’émotions et de décharges hormonales.
En temps normal, une relation saine alterne naturellement entre des moments agréables et des ajustements nécessaires.
Mais dans une relation de dépendance, la balance est complètement faussée.
Lorsqu’un partenaire alterne entre des phases d’attention passionnée et des phases de distance ou de maltraitance (psychologique, émotionnelle ou même physique), le cerveau enregistre chaque « récompense » comme un gain énorme qui compense toutes les souffrances précédentes.
C’est un peu comme si un casino vous laissait gagner juste assez pour vous empêcher de partir, vous tenant en haleine dans l’espoir du jackpot.
Ce qui essentiel ici, c’est de comprendre que l’addiction qui se met en place ici n’est pas de l’amour.
Elle en a la couleur, l’odeur et le gout mais ça n’en est pas à l’instar du Canada dry qui voudrait se substituer à de la bière
L’amour, lorsqu’il est sain est un équilibre entre moments de joie, des expériences amenant à améliorer l’accordage grâce à la communication qui a lieu autour des apprentissage mutuel.
Pourtant, dans une relation marquée par la dépendance affective, cet équilibre est faussé et notre énergie mentale est détournée vers une quête obsessionnelle : retrouver l’état euphorique des débuts.
Cela devient une fin en soi, une sorte d’obligation comme si notre survie en dépendait.
L’amour est alors faussé et remplacé par une addiction à la récompense affective.
Chaque moment d’intense connexion bien que souvent très éphémère au milieu d’un océan de larmes devient une récompense qui nourrit notre attachement.
Tandis que les tensions, les silences ou les conflits consomment notre bande passante mentale et participe à rendre la relation omniprésente dans notre esprit.
Plus rien d’autre ne compte vraiment.

Prenons le cas de Corinne qui bascule dans l’addiction à l’amour
Elle va commencer par fleurter avec cet homme qui est un fantasme tout juste sorti de son esprit.
Il la rague, la séduit, lui fait des compliments et des petits cadeaux.
Inconsciemment, elle est déjà persuadée qu’il est le chevalier sur son cheval blanc qui va la libérer de son quotidien morne pour vivre une vie de princesse.

Corinne à 45 ans, deux grands enfants et un plus petit.
Elle est en couple depuis plus de 20 ans avec le même homme.
Ses deux ainés, sont de jeunes adultes et son rôle de mère s’estompe.
Au travail, elle a rencontré Georges, un homme charismatique et mystérieux qui est intervenu lors d’une formation.
Alors que dans son couple tout était calme, fluide et serein.
Elle se retrouve prise de fantasmes à propos de cet homme qui lui lance parfois quelques regards au café brasserie à coté de son travail.
Il a probablement vu chez elle la femme que plus personne ne voit… même pas elle.
Elle veut découvrir qui il est.
Cela créé des papillons dans son ventre, elle se sent être à nouveau comme une jeune femme.
Ce qu’elle n’est plus dans cette relation plan plan que lui offre son couple actuel qui était plus orienté vers un couple parental que conjugal.
Sauf qu’il n’en est rien.
George est un séducteur et un beau parleur mais il n’envisage qu’une relation sans contraintes.
Alors, à chaque fois que Corinne lui demande plus que ce qu’il est prêt à donner, comme de l’engagement au-delà de jolies promesses verbales, il s’éloigne, fait silence et la ghoste.
Bref, il la punie.
Elle, en réponse culpabilise, se plie en 4, fait attention à tous ces gestes et paroles.
Comme elle a peur de voir son sauveur disparaitre en fumée, elle accepte des choses qu’elle n’aurait jamais accepté dans d’autres conditions.
Elle ne respecte plus ses limites et finit par ne plus se respecter elle-même.
Son estime d’elle-même et sa confiance s’évanouissent.
Alors, ne pouvant plus se fier à elle-même, elle consulte des voyants et medium qui entretiennent et nourrissent sa dépendance.
Cela dure dans le temps, de nombreux mois, chaque épisodes de retours effaçants les précédentes facéties de George.
Elle finira par négliger son petit dernier.
Une fois, elle l’oubliera même de le récupérer à l’école car une dispute avec George occupait son esprit.
Elle accumulera des erreurs dans son travail, se désengager des ses activités sociales, ses ami.e.s préfèrent mettre de la distance.
Corinne finit par se renfermer en elle-même où la seule chose qui demeure est cette relation fantasmée et illusoire mais plus rien d’autre n’a d’importance.

Son mari avec qui elle avait une belle relation soutenante et empreinte d’amour sincère deviendra conflictuelle à cause de ses évitement et ses réaction passives agressives.
L’éventualité d’un divorce finit par pointer le bout de son nez.
Et ses fils se mettent du coté de leur père ne comprenant pas l’attitude et le comportement de leur mère.
C’est à ce moment-là que Corinne, accablée, consulte car elle a l’impression de vivre une profonde injustice au sein de laquelle tout le monde lui veut du mal et se ligne contre elle.
Alors qu’elle fait cela pour pouvoir enfin vivre ce qu’elle croit être le bonheur… avec George qui lui la comprend… même si cela fait une semaine, une fois de plus qu’il ne répond plus à ses messages.

Pourtant, qu’a-t-elle fait de mal ?
Elle a juste cherché à le voir à son travail car il ne s’était pas présenté à leur dernier rendez-vous.
Cela a dû réactiver ses blessures affectives.
Car oui, George a souffert lors de relations précédentes de femmes jalouses, de perverses narcissiques…
La faute revient donc toujours à Corinne qui est responsable de la réactivation de ses blessures.
Evidemment !
Et Comme au fond d’elle Corinne veut le sauver et le guérir, elle accepte de porter le poids de la faute.
Vous pensez que l’histoire de Corinne qui vit l’amour comme une addiction est juste une histoire ?
Détrompez-vous !
C’est l’histoire de femmes et d’hommes que j’accompagne chaque semaine pour qu’elles/ils puissent sortir de la dépendance ou de la manipulation affective et reprendre sainement les rênes de leur vie.
L’Amour véritable n’est pas une addiction,
Lætitia TRILLEAU
il est un choix libre d’une personne,
libre d’être qui elle est véritablement,
de vivre sereinement et joyeusement une vie de partages savoureux
avec une personne qui l’aime pour qui elle est
et qu’elle aime pour qui elle est.
Alors certes, la vie de couple n’est toujours toute rose mais avec les bonnes ressources et les bonnes attitudes, les membres du couple peuvent dépasser ensemble les challenges qui se présentent de façon soutenante.
Plus la relation oscille entre passion et douleur, plus l’addiction à l’amour toxique s’installe
Ou dit autrement, plus la relation oscille entre passion et douleur, plus notre esprit se retrouve monopolisé par elle, au détriment du reste de notre vie.
La dissonance cognitive joue un rôle clé dans cette spirale.
Lorsque nous sommes confrontés à des comportements qui contredisent l’image idéalisée de notre partenaire, notre mental entre en mode résolution de problème.
Plutôt que d’accepter l’inconfortable vérité : cette relation est délétère, nous cherchons une explication rassurante. Ainsi, nous aurons tendance à nous dire :

« Ce n’est qu’une mauvaise passe »
« Il/elle a juste peur de s’engager »
« Une fois ce problème réglé, tout redeviendra parfait »
« J’ai dû réactiver une de ses blessures affectives
mais ça va s’arranger, je vais tout faire pour me faire pardonner.»
Ce besoin de cohérence nous piège dans une boucle obsessionnelle.
Alors, nous analysons chaque détail, chaque mot, chaque geste, cherchant des signes qui confirmeraient que tout finira par s’arranger.
Or, ce raisonnement biaisé nous pousse à tolérer l’intolérable, nous empêchant d’agir pour nous libérer d’une relation qui draine et consume notre énergie vitale.
Nous nous fanons de l’intérieur.
Le peu que l’autre nous donne semble la seule source à laquelle nous pouvons nous remplir oubliant ainsi la multitude d’autres possibilités à notre portée.
Mais c’est comme si un mécanisme nous empêchait de nous autoriser à y accéder.
La boucle est bouclée, nous sommes sous une emprise que nous entretenons nous-même d’une façon qui nous dépasse.
La part des hormones dans la transformation de l’amour en addiction.

L’attachement amoureux est largement régi par un cocktail d’hormones qui nous rend… disons, légèrement irrationnels.
Ici, les hormones sont des actrices centrales dans la mise en place de notre addiction.
En effet, elles fonctionnent comme de petits dealers internes très efficaces.
Révélons leur identité de celles qui nous font du mal en voulant notre bien :
La dopamine
Hormone du plaisir et de la récompense.
Elle nous inonde lorsqu’un partenaire nous fait nous sentir spécial.e.
C’est la même substance qui alimente les addictions aux jeux d’argent, aux drogues, aux achats compulsifs, à la compulsion alimentaire.

L’ocytocine
Surnommée « hormone de l’attachement », elle nous lie à l’autre de manière profonde.
C’est elle qui nous fait ressentir ce besoin viscéral d’être avec une personne, même quand elle nous fait souffrir.
Le cortisol
Hormone du stress, il est sécrété en abondance lorsque nous vivons du rejet, une peur de l’abandon ou de l’incertitude dans la relation.
Une alternance brutale entre pic de dopamine (phase de lune de miel) et montée de cortisol (angoisse et manque) crée une dépendance biochimique… exactement comme une drogue dure.
En d’autres termes, notre cerveau devient littéralement accro à la relation… même si elle est destructrice.
L’illusion de la perfection fruit du piège « C’était si bien au début… »
L’un des mécanismes les plus perfides de la dépendance affective réside dans ce fameux épisode de lune de miel qui était généralement parfait.
En tout cas dans la version correspondant à ce que nous avons bien voulu percevoir.
Nous avons tous entendu des personnes en souffrance dire :
« Mais au début, il/elle était tellement attentionné(e),
je sais que cette personne peut être formidable ! »

Et c’est précisément là que se trouve le piège.
Parce qu’un moment d’extase a existé, notre esprit s’accroche à l’idée qu’il pourrait revenir, comme un joueur de loterie refusant d’accepter qu’il a perdu son argent en poursuivant un gain improbable.
L’ironie, c’est que plus la relation perdure plus la relation devient douloureuse.
Le temps passant, les rares moments d’accalmie sont perçus comme précieux et exceptionnels.
Et, quelque chose en interne dit que le jeu en vaut la chandelle.
Mais c’est faux.
La personne s’accroche à cette croyance auto alimentée comme un assoiffé dans le désert s’accroche à la moindre goutte d’eau, même si elle provient d’un mirage.
Sortir de la dépendance implique de faire le deuil de l’illusion
Renoncer à une relation toxique, c’est accepter de faire le deuil non pas de la personne… mais de l’illusion qu’elle a su incarner brièvement.
C’est probablement l’une des choses les plus difficiles à accepter de faire.
Comment réussir à dire adieu à un fantasme si séduisant, à un idéal rêvé.
Cela revient aussi et surtout accepter que la perfection entrevue était un mirage et que l’amour véritable ne ressemble pas à des montagnes russes émotionnelles.
Une relation saine n’est pas un shoot d’adrénaline constant.

Elle n’est pas enivrante comme un manège infernal, mais plutôt douce comme une rivière qui coule, apaisante et prévisible.
Car, en vérité, tout cela n’est pas de l’amour, il s’agit de dépendance affective. Il s’agit d’une question d’affectivité et pas d’amour.
Et devinez quoi ?
Ça ne veut pas dire qu’elle est fade !
Simplement, elle ne vous fera pas osciller entre extase et désespoir.
Elle vous offrira autre chose : la paix, la stabilité et la liberté d’être vous-même sans crainte.
Et ça, c’est encore plus précieux que toutes les montées d’adrénaline du monde.
L’optimisme du changement permet d’avoir la force et le courage d’aller vers un amour plus grand

On peut craindre que quitter une relation toxique signifie perdre un amour « unique et intense ».
Pourtant, la vraie magie, c’est que l’on change toujours pour mieux.
Oui, il faudra passer par le manque, le vide, le doute.
Mais derrière ces turbulences se cache une révélation inestimable.
Lorsque l’on cesse d’accepter des miettes d’amour, on s’ouvre à la possibilité de recevoir un festin.
Alors, si vous sentez que votre relation vous entraîne plus bas qu’elle ne vous élève, posez-vous cette question :
« Et si le bonheur, le vrai, se trouvait juste après cette illusion à laquelle je renonce ? »
Parce qu’au fond, l’amour n’est pas censé être une addiction.
Il est censé être une libération qui se manifeste par une co-construction du présent ouvrant sur un avenir commun.
Si vous souhaitez reprendre les rênes de votre vie et que vous souhaitez être accompagné.e en ce sens
Soyez libre de requérir une rendez-vous.
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